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Photo du rédacteurLa plume est l'oiseau

NoH8

A tous les hommes et toutes les femmes dont la haine humaine ravage les cœurs qui s’aiment malgré la stupide interdiction.


Suspendu au plafond bleu, le soleil nous regarde de haut,indifférent à la vie qui coule sous ses yeux aveuglés de poussière. Moi je fixe ma plume qui étincèle et reflète un arc en ciel dans mes yeux. Elle voltige entre mes doigts, au ralenti, elle danse entre mon pouce et mon majeur, au rythme des tic-tacs réguliers de l’horloge, elle tourne, elle tourne comme une toupie, comme les aiguilles d’un temps malade de tachycardie. 15h30. Plus qu’une demi-heure.

(Tic-tac) Ce soir je sortirai boire une bière avec mes potes. On rirait fort sur la terrasse, la mousse filtrant la bille d’or qui plonge dans le verre. J’imagine son goût malté sur mes lèvres, la fraîcheur de la chope entre mes mains (Tic-tac) et je pense au confort du canapé, à la fumée qui nous enroule dans une odeur de tabac. J’entends la sonnette annoncer la venue du livreur de pizzas, ou peut-être aux détonations des basses dans la discothèque qui étouffe dans ma tête la voix monotone du professeur (tic-tac). La plume continue de valser accrochée à ma main. Et je me demande pourquoi je suis assis là, dans une salle de classe immonde. Et le patriarche qui pense sincèrement que ses interros surprises nous pousseraient à étudier. Je baille, Monsieur. Je baille en écoutant vos histoires plates, dénudées de sentiments.

Du haut de la pile, une feuille vient se suicider devant moi. 8. C’est la note tracée en rouge sur le haut de la page. Je la range machinalement dans mon sac après avoir détaillé les griffures qu’avaient subi sa peau translucide, anorexique d’idées. Qu’on me raconte toutes les ignominies que les Juifs, les Tziganes, les Homosexuels ont subi dans vos camps de concentration, je baillerai. Vous, vous n’avez pas vécu ce temps-là, et quoi que vous fassiez, vous ne m’intéresserez pas, parce que la mémoire ne se transmet pas, la douleur ne se transmet pas, ni l’expérience. C’est pourquoi tout recommence toujours. A quoi bon m’intéresser à la connerie humaine, si elle n’apporte que désespoir, quand je fais face à mon incapacité à gérer une belle bande de tarés qui ne savent que haïr les autres pour se faire du bien?

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